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et détestent tous ceux qui ont été les auteurs des derniers troubles.

L’Ordre ecclésiastique est tout dépendant de la cour et du favori, de qui ils ont reçu leurs bénéfices.

Tous les gouverneurs de places sont attachés de même à la cour et au cardinal.

Tous les grands seigneurs se plaignent, et je n’en connais pas un seul qui soit capable de rien.

Pour Paris, tout le monde déteste le présent gouvernement, et s’y assujettit pourtant volontairement.

On a cru que le cardinal de Retz pourroit causer quelque altération pour le jubilé5, car, venant à être donné par ses ordres, l’autorité du roi étoit en quelque façon violée, et le jubilé étant refusé au peuple, cela devoit, selon toute apparence, causer quelque sédition ; cela n’a point du tout réussi. Les grands-


5. Le jubilé avoit été différé à cause de l’absence du cardinal de Retz, archevêque de Paris, réfugié à Rome après sa fuite de la prison de Nantes. Les contestations survenues au sujet du gouvernement du diocèse avoient aussi été une des causes de ce délai ; mais enfin la nomination du curé de Saint-Leu, M. Du Saussay, comme grand vicaire, ayant donné à ce gouvernement la régularité qui lui manquoit, on crut pouvoir s’occuper du jubilé sans avoir besoin des ordres du cardinal-archevêque. Ce fut d’autant plus facile, que M. Du Saussay, dont la nomination avoit été arrachée par surprise au cardinal de Retz, étoit dans les intérêts de Mazarin, et tout disposé, pour lui plaire, à soustraire le gouvernement du diocèse à l’autorité de l’archevêque exilé. Mémoires de Joly, 1718, in-12, t. II, p. 167–169.