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Aulcunes foys avecques habit noir
Je me proumesne en ce noble manoir,
Le quel plus grand qu’il ne souloit me semble,
N’y voyant plus la compagnie ensemble.
Aulcunes foys au jardin m’en alant,
Tout à part moy à luy je vais parlant,
Car vous diriez, tant il croit qu’il agrée,
Qu’il est marri qu’en luy ne me recrée.
« Jardin royal, ce dy-je, ta verdure,
« Tes fruits, tes fleurs, tout ce qu’art et nature
« T’a pu donner, n’a ores la puissance
« De me donner un peu d’esjouissance.
« Si tu veux donc qu’aultre chère te fasse,
« Rends moy la fleur quy les tiennes efface,
« Rends moy la noble et franche Marguerite ;
« Rends moy aussy de noblesse l’eslite,
« Mon cher espous, qu’elle et moy soulions voir
« Sur grands chevaulx, et faire son debvoir
« À les picquer sur tes allées grandes5.



S’il plaint mon martyre,

Je plains ses douleurs.

Pas je ne puis vivre
Si je ne le voy,
Mon cœur pour le suivre
S’absente de moy.

Viens donc, mon amy,
Approche de moy,
Passe ton envie,
Il ne tient qu’à toy.

5. Catherine, dans ses regrets, ne devoit pas oublier ces nobles exercices du Dauphin, son mari, car c’étoient ceux auxquels elle-même se plaisoit le mieux : « Elle es-