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Pastillos Ruffinus olet, Gorgonius hircum5.

Ayant achepté ceste droguerie du Pont-Neuf, ce menu fatras, en la première page il y avoit en taille doulce un oyseau de proye, d’un plumage roux, quasi comme ce grand oyseau que l’on porte à la vollerie pour amasser les jays et agasses6, que l’on appelle duc ou ducquet7 ; il estoit un peu plus petit. Il y avoit un escusson timbré de liseaux comme ceux que les valets de feste estallent pour le bal le jour de la feste de village, des bouffantes jartieres8, et aux entrelas il y avoit en grosses lettres cette devise : Honny soit qui mal y pense. D’un autre costé estoit une grande déesse portant sur le front ces mots : Χαρος αμαλθιας ; elle estoit guirlandée de fleurs blanches trois à trois, qu’un petit bouc voulloit brouter, mais Mercure de son caducée luy donnoit sur les cornes, et luy disoit ce quolibet : Ce n’est pas pasture de capricorne, c’est le moly des Dieux et la Nephante : je dis le moly, et non le mol lis. J’admiray ces figures énigmatiques, et, ayant ouvert le cahier et entamé le discours, je recogneu


ch. 23), et qui s’appeloient chez nous collet de fleurs ou collet de senteur. « Mon collet de fleurs, dit Montaigne (liv. I. ch. 22), sert à mon nez ; mais, aprez que je m’en suis vestu trois jours de suite, il ne sert qu’au nez assistant. »

5. Horace, liv. I, sat. 2, v. 27. Au lieu de Ruffinus il faut lire Rufillus.

6. On sait que c’est l’ancien nom de la pie.

7. Allusion au titre de Buckingham.

8. Allusion à la jarretière qui entoure l’écusson d’Angleterre.