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poids et balance, plume et escritoire. Achetez du vin à bon pris et tout du meilleur, ayez tousjours quelque chose preste à mettre en broche, et lorsque vous serez aux champs, il faut s’enquester de ceux qui doibvent par rente des poulles, poulets, pigeons, agneaux et lièvres, faisant le tout apporter en la maison ; faites saler du lard, et songez que vous estes comme un père de famille, et prenez plaisir à tout cela. Vous ferez souvent aussi reveuë dedans la cave avec le sommelier ; c’est tout ce que je vous puis dire, car voilà Monsieur qui revient de la promenade : je m’en vais le saluer et prendre congé de luy,

Monsieur, ha ! vous voilà encore ? Il est vray, Monsieur, que je me suis fort promené dans vostre jardin avec monsieur le maistre. Et bien ! Nous avons parlé de l’estat de vostre maison, et de vostre ordre ce qui se trouve bon, c’est pourquoy j’ay disposé monsieur le maistre à vostre volonté. Vous avez eu un beau temps au Cours ! Ouy, Monsieur. Voilà vostre souper que l’on a servi, je m’en vay prendre congé de vous et vous donner le bon soir ; Je suis votre très-humble serviteur.

Monsieur le maistre, est-il bon que vous voyez un peu comme l’on sert à la maison des grands et particulièrement, pour vostre cuisinier, qu’il hante Forger, escuyer de la reine, pour les potages24 ; La Dia-


24. C’est à cet officier de bouche, au service d’Anne d’Autriche, qu’on devoit sans doute ce fameux potage à la reine, « fait de quelque hachis de perdrix ou faisan, » dont parle Nicolas de Bonnefons.