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Vous en rirez, si je vous dis en somme
Sa bonne grâce envers le galant homme,
Qui fut courtois, eut soin d’Angoulevent :

Pour tout loyer il luy fendit le vent11.

Ayant descript la cabale secrette
De ce monarque, il est temps que je traicte
Ce que deveint le cours de son procès,
Et comme il feit reparer cest excès.
Or, pour avoir justice bonne et briefve,
Droict au baillif de Sainte-Geneviefve
Et l’un et l’autre ils se sont adressez,
Et par décrets vivement traversez ;
Tant qu’à la fin, ce prince magnifique,
Qui ne sceut oncq’ la forme de pratique,
Sur un defaut, comme il n’y pensoit pas,
Par un huissier est mené pas à pas.
Interrogé, le juge le relasche ;
Mais sa grandeur d’un tel affront se fasche,
Bouffe en colère, et dit qu’il appellet :
Par ce moyen tout vient au Chastellet.

Le Chastellet dignement se prepare
Pour opiner dessus un fait si rare.
Mesme l’on tient qu’ils devoyent arrester
Qu’Angoulevent se feroit defoiter,
Satisfaisant à ceste humeur estrange


11. S’enfuir. Cette expression, selon Cotgrave, correspondent à cette autre : fendre l’ergot, et celle-ci, selon M. Francisque Michel, semble répondre à la métaphore populaire je me la casse, je me la brise, pour dire je me sauve. (Études de philologie comparée sur l’argot, p. 147.)