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parlant, il y a vingt ans, à la superieure de la maison de la Providence, qu’elle a fondée à Niort, et lui demandant en quel quartier de la ville étoit leur maison, celle-ci le lui ayant marqué : « C’est justement, reprit-elle, devant le château dont je dois me souvenir. »

Après que le sieur d’Aubigné eut été retenu quelque temps ainsi dans le château, ses affaires étant accomodées, il en sortit11 ; mais, se trouvant à bout et ne pouvant presque plus subsister, lui ayant été proposé d’aller dans les îles de l’Amérique, que l’on commençoit en ce temps là d’habiter, il accepta l’offre qu’on lui fit de la part de M. de Cerignac, seigneur en chef de l’île de La Grenade, d’aller commander dans cette île, grande, à la verité, et fort belle, mais couverte de bois et habitée de peu de François, et tous pauvres. Ayant vendu le peu de bien qui lui restoit, il partit avec sa famille et se mit en mer. M. d’Aubigné ne put resister au mauvais air du pays ; il mourut au bout de trois ans ou environ12. On dit dans le pays qu’avant de mourir,



d’Autun, et le P. Laguille, né dans cette ville, avoit en effet dû le connoître.

11. En 1639.

12. On pense qu’il mourut en 1645, mais il est probable que ce fut au moins un an plus tard. On s’accorde à croire en effet que sa mort suivit de près un voyage que sa femme fit en France avec ses enfants pour régler quelques affaires ; or, le 18 juillet 1646, elle y étoit encore : on le sait par une lettre d’elle portant cette date, et dans laquelle elle remercie Mme de Villette d’avoir bien voulu se charger de sa fille, « cette pauvre galeuse ! » (La Beaumelle, t. 6, p. 34.)