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peu de bien qu’il avoit, qui consistoit en partie dans une maison qui étoit proche des halles ; là il vecut assez doucement.

Chaque année il y a à Niort trois foires considerables, où se rendent nombre de marchands, même de Hollande ; comme ces foires se tiennent dans des saisons fort proches les unes des autres, plusieurs marchands laissent d’une foire à l’autre les marchandises qu’ils n’ont pu vendre, et les deposent dans quelque maison sûre et commode jusqu’à leur retour. Un marchand de Lyon confia de cette manière quelques ballots de marchandises au sieur d’Aubigné. À son retour, ayant trouvé de la diminution dans ses effets, il en fit du bruit et cita le sieur d’Aubigné en justice. Dans ce même temps il eut une autre mauvaise affaire, ayant été trouvé coupable ou fortement soupçonné de fausse monnoie,


1627, c’est-à-dire bien avant d’être mis en prison, non pas à Cadillac, mais au Château-Trompette ; seulement, comme il épousa la fille de M. de Cadillac, gouverneur de la forteresse où il fut enfermé deux ans après, l’on comprend la double erreur commise ici par le jésuite biographe, et que plusieurs autres historiens ont partagée. La Beaumelle (t. 6, p. 32) l’a réfutée, mais sans dire ce qui l’avoit tout naturellement fait naître. Quant à la cause donnée ici de l’incarcération de d’Aubigné, elle est différente de celle que nous connoissions, mais elle est au moins aussi vraisemblable. C. d’Aubigné semble, sauf l’honnêteté, qui étoit bien moindre en lui, avoir beaucoup tenu de son père ; il devoit donc être d’humeur satirique, et il n’est pas étonnant que M. d’Épernon, qui d’ailleurs y prêtoit fort, se trouvât le premier point de mire de ses chansons.