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Noïailles4. Ce fils5 fut assez bien elevé ; il reçut de son père, dit-on, quelques teintures de son art d’astrologie. Il fut marié à une demoiselle de Niort qui lui apporta assez peu de biens. Quelque temps après son mariage, il prit ombrage de la familiarité trop grande qu’il remarqua entre sa femme et un jeune homme de ses parens. Sa jalousie augmenta, de sorte qu’après avoir averti sa femme de cesser le commerce qu’elle avoit avec cet homme, il fit semblant d’aller à la campagne pour quelques jours. Il partit en effet, mais dès le soir même, étant rentré à l’imprévu, il les trouva seuls. Emporté à cette vue, il les tua et se retira6.

Comme en ces temps de troubles et de guerres civiles il n’etoit pas difficile d’obtenir grâce, surtout pour un fait pareil, il retourna à Niort, où il menoit une vie fort commune, ayant peu de bien. Il chercha quelque emploi dans les troupes ; il n’eut pas satisfaction sur cela de M. d’Epernon, auprès


4. Ce nom est écrit ainsi dans tout le cours du fragment. (Note de Chardon de la Rochette.)

5. Constant d’Aubigné, baron de Surimeau, né vers 1584, « fut nourry par son père avec tout le soin et despence qu’on eust pu employer au fils d’un prince ». (Mém. de d’Aubigné, p. 151.)

6. Nous connoissions ce premier mariage de Constant d’Aubigné, mais nous ne savions pas qu’il avoit eu cette fin tragique. Lui-même, dans une lettre écrite à son frère, Nathan d’Aubigné, le 6 mars 1637, parle de ce mariage, mais pour dire seulement qu’il n’en naquit aucun enfant. (Mémoires de La Beaumelle sur Mme de Maintenon, t. 6, p. 32.)