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niant aviant osté plgus de quinze cens mille escus de tailles et otres subsides depus iquet tans. Ô faut tousjours trouvé in mantea pré couvry lou mau, mais olet ben malaisé astoure que lou monde n’est plus nigaud. I fus ine fois à ine maison toute rompue, ô ny avét que des peas de vea pendues en ine qui serviant de tapisserie. Ol y avet en escrit, au bas diqueles peas : Ô les gros veas ! la vouliant dire que c’estet à des veas de croire qui queles ruines aguissiant esté faites durant les guerres pré lou ben publgic.

Pan. Ce maistre ligneul18 n’est Parisien, encore qu’il die aga19 : car les Parisiens sont fort sages et affectionnés au service du Roy, tesmoin monsieur le Prevost des marchands20, qui offrit ces jours passés


18. C’est le fil poissé dont se servent les cordonniers.

19. Cette interjection populaire est une apocope de agardez, regardez. Théodore de Bèze (De Franc. linguæ recta pronunciatione, p. 84) est de cet avis, ainsi que La Monnoye (Œuvres choisies, 1770, in-8, t. 3, p. 334). On trouve maintes fois ce mot dans nos anciens auteurs, notamment dans les Contes de Des Périers, édit. elzevir., t. 2, p. 204. Nulle part, comme on le dit ici, il n’étoit plus employé que dans le peuple de Paris. C’étoit pour ce populaire une exclamation partout de mise. Saint-Julien, en ses Courriers de la Fronde ne lui en fait pas pousser d’autre. Ainsi, dans le 1er (édit. Moreau, t. 1, p. 12, 107), il dit :

Monsieur de Mesme harangua,
D’un style qui fit dire : Aga !

20. Le prévôt des marchands étoit alors Robert Miron, seigneur du Tremblay, conseiller d’État et président des requêtes du Palais.