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l’autre l’olive ? Arrière donc tout conseil fors que le mien, car quel est le simple ruisselet quy peut ac-


soin de faire connoître : c’est que la pauvre folle couroit par les rues armée de pied en cap. Dans une pièce en strophes dont elle est aussi l’héroïne, La Sagesse approuvée de Madame Mathurine, 1608, in-8, nous lisons aux strophes 12 et 13 :

Quelque ignorant dira : Mais cela n’est pas beau,
Contre l’ordre commun, voir porter un chapeau,
Une épée, un pourpoint ; fi, le fait est infâme ! »
Las ! s’il sçavoit sonder la vertu aux efforts,
Il verroit que d’un homme elle tient tout le corps,
Fors le bas seulement, qu’elle tient d’une femme.

Elle porte un chapeau comme une sage done ;
Elle porte un tranchant comme une autre Amazone,
Signal très assuré d’un esprit courageux.
Pentasilée estoit au premier Alexandre ;
Mathurine au dernier sacrifie sa cendre.
Juge, lecteur, qui est la plus digne des deux.

Ces façons d’Amazone donnoient à Mathurine un trait de ressemblance de plus avec Christine, et c’est peut-être ce qui avoit fait naître l’idée de la métamorphose mentionnée il y a un instant. Le voyageur hollandois nous peint ainsi la reine de Suède dans son costume de virago : « Elle n’avoit plus son habit de femme, auquel elle s’estoit accommodée pendant son séjour en cette cour ; elle avoit repris un juste-au-corps de velours noir garni partout de rubans, avec un drolle (qui est une espèce de cravate à la moresque) qui estoit lié d’un ruban de couleur de feu ; elle portoit une toque de velours avec des plumes noires ; elle estoit coiffée de ses propres cheveux, qui sont fort blonds, mais assez courts et couppés comme ceux des hommes ; sa juppe estoit d’une moire bleue avec une belle et grande broderie de soie guippée, blanche et aurore. » Quoique le reste du portrait soit de hors d’œuvre ici, nous nous re-