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Mais quoy ? qu’ay je besoing de telz advertissementz ? Suis-je pas ceste Mathurine quy ay renversé les escadres des plus animez de la ligue, quy ay tousjours monstré que j’estois une autre Pallas, que d’une main je portois la lance et l’estoc2 et de


craint d’y venir, que ce pasquil avoit été préparé sous les auspices mêmes de Mazarin. Un voyageur hollandois qui se trouvoit alors à Paris, et dont les Mémoires, conservés manuscrits à la Bibliothèque de La Haye, ont fourni quelques extraits fort intéressants à M. Achille Jubinal, dans ses Lettres à M. de Salvandy, etc., Paris, 1846, in-8, p. 116, parle ainsi de ce fait si curieux, et dont nulle part ailleurs nous n’avons trouvé de trace : « Le 5e (décembre 1657) nous apprismes que l’on avoit préparé icy un joly escrit pour en régaler la reine Christine, si elle y fust venue ; il devoit porter pour titre : la Métempsycose de la reine Christine. On y eust vu quantité de jolies choses, et entr’autres belles ames qu’elle avoit eues, on luy donnoit celle de Sémiramis, qui se travestissoit si bien, et qui, tantost homme, tantost femme, jouoit toujours des siennes, et surtout lors que, faisant appeler jusques à de simples soldats pour coucher avec elle, elle les faisoit poignarder au relevé, de peur qu’ils ne s’en vantassent. La dernière ame qu’on lui donne est celle de Mathurine, cette gentille folle de la vieille cour. Mais à présent qu’elle ne viendra point, cet escrit est supprimé, Monseigneur le cardinal ayant fait dire à l’autheur de la laisser en paix. Si elle fust venue, on l’auroit publié pour l’obliger à quitter un lieu où on la dépeignoit de ses plus vives couleurs. » Elle vint pourtant, mais resta si peu qu’on ne crut pas devoir reprendre l’idée du pasquil.

2. Pour comprendre ceci, il faut savoir ce que pas un des biographes de Mathurine, ni Dreux du Radier, ni M. de Reiffemberg, dans leur histoire des fous de Cour, n’ont eu