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C’est à chercher tousjours mille artifices
Pour contenter les yeux et les délices,
Par des couleurs taschant à deguiser
Et des façons qu’on leur laisse adviser,
Qui coustent plus et qui sont moins utiles,

Par où l’abus se glisse dans les villes.

Cecy n’est dit qu’aux vulgaires esprits,
Car je ne croy qu’il y ait du mespris
Dedans vostre ame, ô belle Callirée !
En tous mes vœux sainctement adorée,
Vous ne donnez au change vos regrets.
Voudriez-vous enfraindre les arrests,
Vous qui si bien maintenez vostre empire ?
C’est faire un crime alors que je souspire ;
Vous gouvernez, par vos commandemens,
Mon cœur, mon ame et tous mes mouvemens ;
Bref, vous avez la plus grande puissance
Qu’on puisse avoir sur une obeyssance,
Et ce bel œil qui me donne la loy
Est mon seigneur, mon monarque et mon roy.
Puis vous sçavez que la vertu est belle
Sans le secours d’une mode nouvelle ;
Que la beauté a trop d’allechemens
Sans l’atirail de ces vains ornemens ;
Que le poison des vertus plus antiques
Gist en l’abus de ces molles pratiques.

Reservez donc vos soupirs et vos pleurs
Pour l’advenir et les autres douleurs :
Ce reglement et ces nouvelles choses
Ne sont au prix, mesdames, que des roses ;