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À façonner vos grotesques quaintins.

Ô folle erreur ! ô despence excessive !

Mais, dites-vous, nostre beauté si vive,
Sans la faveur de ces riches rabas
Pour captiver n’aura plus tant d’appas,
Et, desormais, n’estant veuës si braves,
Il ne faut plus esperer tant d’esclaves,
Sous nos drapeaux de jeunes combattans.
Or, en ce poinct, dames, je vous attens :
C’est bien trahir la raison et vous-mesme,
Et faire un crime egal à un blasphème,
De croire ainsi que soyez sans beauté
Hors la faveur de ce bien emprunté.

Le naturel jamais l’art ne surmonte.
Vous devriez toutes mourir de honte
De profaner ces aymables thresors
Que vous avez et de l’ame et du corps !
Comment veut-on qu’une laide se pare,
Si des atours une belle s’empare ?
Les ornemens sont pour les seuls deffauts.
C’est attirer de soy-mesme ses maux,
C’est offenser le ciel et la nature
De rechercher l’estrangère parure ;
Si ces atours estoient plus precieux
Ny que la main, ou la bouche, ou les yeux,
Avecques vous elle les eust fait naistre
En tous les lieux où ils souloient parétre.
Trouvez-vous donc un teton plus mignard
Pour estre plein de parure et de fard ?
Un œil plus doux, une plus belle bouche