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tredire. Seulement elle adjousta qu’il pouvoit avoir appris toutes ces choses de son mary avecque lequel peut estre avoit il esté camarade en la guerre. Il s’est sceu toutesfois depuis que jamais il n’avoit hanté ledict mary25. Lorsque ces choses et aultres adviennent par l’arrivée du vrai Guerre26, le faux Martin cesse ses menteries et fait amende envers chacun. Il s’adresse à l’oncle, auquel il dict des choses appoinctant et remettant ensemble pour vivre paisiblement en gens de bien, et disant audict


25. La relation de Rocolles dit le contraire, et c’est à la version qu’elle donne qu’il faut, je crois, se ranger : « Arnauld, y lisons-nous (p. 320), avoit été camarade de Martin dans les troupes de l’empereur Charles V, commandées par Charles de Lamoral, comte d’Egmond…, et, sous prétexte d’amitié, il avoit appris de lui plusieurs choses privées, particulièrement de luy et de sa femme. »

26. « Sur le conflit de tant de diverses raisons, répugnances des conjectures et des preuves…, Dieu… fit comme par miracle paroistre le vrai Martin Guerre. » On le confronta avec du Thil, et celui-ci n’y mit pas d’abord autant de douceur et de sincérité qu’on le dit ici. Il fut au contraire plus obstiné que jamais, s’emporta contre ce mal venu, l’appelant affronteur, méchant, bélître, « se soumetant lui-même, ajoute la relation de Rocolles, à estre pendu s’il ne justifioit que le survenant avoit esté acheté à deniers comptant et instruit par P. Guerre… » Il lui fallut pourtant céder devant les preuves, qui toutes tournèrent à l’avantage du vrai Martin. C’est alors qu’il fit les plus complets aveux. L’idée de ce qu’il avoit fait lui étoit venu, dit-il, de ce que des amis de Martin l’avoient pris pour lui. Il avoit appris d’eux tout ce qu’il vouloit savoir. Bertrande, dans leurs entretiens, lui avoit dit le reste.