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vantage d’être loué par l’etat-major du regiment ; j’en ai même vu quelques-uns qui ont eté assez heureux pour paroître au gala couronnés avec autant d’eclat que l’echappé des isles Sainte-Marguerite.

Mais, mon cher neveu, me direz-vous, qu’ont de commun vos canards et votre colonel hollandois avec les affaires importantes que nous traitons dans ce moment ? Le voici, mon cher oncle :

J’etois hier au soir au Jardin du Roi, lorsqu’un petit chirurgien qui arrivoit de Versailles nous dit : « Messieurs, je vous apporte une nouvelle bien singulière : on assure que MM. les évêques deputés sont convenus de manger chacun par jour un curé ; et, d’après le calcul de M. de Lalande, ces prélats avaleront les derniers le 12 de ce mois2. Or, s’il est vrai, comme je n’en doute pas, que messeigneurs, après avoir empifré nos bons pasteurs, les croquent, j’ose me flatter que vous ne révoquerez pas en doute la petite friandise de mon colonel hollandois, puisque, par sa nature, un canard, à ce que disent les


2. Il est fait allusion ici aux discussions élevées dans le sein de l’Assemblée constituante au sujet du sort des curés, dont un grand nombre fut piètrement réduit à la portion congrue, tandis que le magnifique traitement des évêques étoit maintenu et que plusieurs de leurs pareils continuoient à s’engraisser en d’opulents bénéfices. V. le Moniteur du 23 au 28 sept. 1789. Sélis, dans son intéressante brochure : Lettre d’un grand vicaire à un évêque sur les curés de campagne, in-8 de 32 pages, 1789, met en regard le sort d’un curé à portion congrue et celui d’un curé voisin dont le bénéfice vaut 10,000 fr.