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peuple1. Mais ne pouvant les envieux de nostre prosperité longuement entretenir en France ce


1. Il est bien vrai que les dernières années du règne de Henri IV furent l’époque la plus heureuse pour les campagnes. On trouve un tableau délicieux de cette prospérité des champs aux premières pages des Mémoires de l’abbé de Marolles. M. Sainte-Beuve l’a déjà cité dernièrement dans un article sur l’Histoire d’Henri IV, par M. Poirson (Moniteur universel, 16 février 1857) ; nous ne pouvons mieux faire que de le reproduire aussi à propos des regrets de ces pauvres paysans champêtres : « Je revois, dit l’abbé de Marolles, avec un plaisir non pareil, la beauté des campagnes d’alors ; il me semble qu’elles étoient plus fertiles qu’elles n’ont été depuis, que les prairies étoient plus verdoyantes qu’elles ne sont à présent, et que nos arbres avoient plus de fruit… Le bétail étoit mené sûrement aux champs, et les laboureurs versoient les guérets pour y jeter les blés que les leveurs de taille et les gens de guerre n’avoient pas ravagés. Ils avoient leurs meubles et leurs provisions nécessaires, et couchoient dans leur lit. Quand la saison de la récolte étoit venue, il y avoit plaisir de voir les troupes de moissonneurs, courbés les uns près des autres, dépouiller les sillons, et ramasser au retour les javelles, que les plus robustes lioient ensemble, tandis que les autres chargeoient les gerbes dans les charrettes et que les enfants, gardant de loin les troupeaux, glanoient les épis, qu’une oubliance affectée avoit laissés pour les réjouir. Les robustes filles de village scioient les blés, comme les garçons, et le travail des uns et des autres étoit entrecoupé de temps en temps par un repas rustique, qui se prenoit à l’ombre d’un cormier ou d’un poirier qui abattoit ses branches chargées de fruits jusqu’à la portée de leurs bras. » Le bon abbé donne un peu plus loin quelques détails particuliers à cette belle province de Touraine, ou il étoit né en 1600. Il avoit donc dix ans à