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ceux qui delibèrent de fermer la porte à ses trouppes : car, outre que nous encourerons un blasme universel parmy les nations voisines et une tasche qui jamais ne se pourra effacer, nous sommes en grand danger de subir de grands maux par nostre propre imprudence.

— Madame a raison, repliqua une autre fraischement arrivée de la Rochelle, nous avons tous un très mauvais horoscope ceste année, elle nous est climaterique13 et malheureuse, ces jours derniers nous sont fort caniculaires14. Ce n’est point seulement à Montpellier où on a sujet de se plaindre, la Rochelle en a eu sa part. Nous avons esté entiere-


13. Sur les époques climatériques, v. notre t. 2, p. 212.

14. Les jours caniculaires passoient pour être funestes aux plaisirs de l’amour. Cette Rochelloise a donc raison de les donner comme très néfastes. Camerarius a écrit un gros livre sur cette thèse-là. Molière fait très vertement maudire par la Cléanthis de son Amphitryon (acte 2, scène 3) cette superstition médicale :

——--Je me moque des médecins,
——--Avec leurs raisonnements fades ;
——--Qu’ils règlent ceux qui sont malades,
Sans vouloir gouverner les gens qui sont bien sains.
——--Ils se mêlent de trop d’affaires,
De prétendre tenir nos chastes jeux gênés ;
——--Et sur les jours caniculaires
Ils nous donnent encore, avec leurs lois sévères,
——--De cent sots contes par le nez.

Chez les anciens, c’est le mois de mai qui étoit néfaste pour l’amour. V., sur le scrupule qu’ils avoient de se marier ce mois-là, une lettre publiée dans l’Esprit des journaux, sept. 1786, p. 215.