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cores les meilleures drogues nous viennent du Levant. La paix avec l’estranger nous donne les traittes, et par consequent la cherté, qui n’est si grande en temps de guerre57, durant laquelle nous ne trafiquons point avec l’Espagnol, le Flamand et l’Anglois, et ne leur donnons ny bled ny vin, et à ceste occasion il faut qu’ils nous demeurent et que nous les mangions. Lors les fermiers en partie sont contraints de faire argent. Le marchand n’ose charger ses vaisseaux, les seigneurs ne peuvent longuement garder ce qui est perissable, et consequemment il faut qu’ils vendent et que le peuple vive à bon marché. En temps de guerre donc, que les traittes sont interdites, nous vivons à meilleur pris qu’en temps de paix. Toutefois les traittes nous sont necessaires, et ne nous en sçaurions passer, bien que plusieurs se soient efforcez de les retrancher du tout, croyans que nous pouvons vivre heureusement et à grand marché sans rien bailler à l’estranger ny sans rien recevoir de luy. Ce qui sera deduit cy-après en l’article des moyens de remedier à la cherté. Et n’y a qu’une faute aux traittes : c’est que sans considerer la sterilité des années et l’extresme disette des bleds, on les donne aussi liberalement que si les grains en rapportoient six vingts, comme jadis on a veu en Sicile, là où, si on les donnoit avec consideration de la saison, elles nous apporteroient plusieurs grandes commoditez ; et si elles nous enlevoient le bled et le vin, en recompense elles nous rendroient à bon marché plusieurs choses dont nous avons be-


57. V. une des premières notes.