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mes de toutes les provinces de la France, et on trouvera qu’en la plus part d’icelles les adveuz font foy que la charge de mestail, celle de seigle, celle d’orge et celle de froment, sont evaluées et taxées à moindre pris qu’on ne vend aujourd’huy la dixiesme partie d’icelles, et qu’un chappon, une poulle, un chevreau, et autres choses deues par les subjects aux seigneurs, sont au dixiesme, voire au quinziesme, evaluées à meilleur compte qu’on ne les vend à present2. Les coustumes d’Anjou, de Poitou, de la


tant il la savoit opposée à la manière de voir de tout le monde, autant dire au sens commun. De là l’origine du Discours de Bodin, dont, encore une fois, celui de du Haillan n’est qu’une sorte de résumé venu après coup, mais non pas inutilement toutefois. En 1586, en effet, le mal avoit empiré, et, à défaut de Jean Bodin lui-même, alors perdu dans la Démonomanie, il falloit bien que quelqu’un reprît sa thèse. M. P. Lacroix, dans l’article cité plus haut, pense (p. 361) que l’auteur qui se cache ici pourroit bien être Michel Montaigne. Il est vrai qu’il n’insiste pas. Cette idée lui étoit venue sans doute en voyant que Bordeaux étoit le lieu de première publication. Mais nous avons dit que cette particularité s’explique fort bien pour du Haillan.

2. Pour tout ce qui suit, Bodin donne les mêmes chiffres (Discours de Jean Bodin sur le rehaussement et diminution des monnoyes tant d’or que d’argent, et le moyen d’y remédier ; et responce aux paradoxes de M. de Malestroict. Paris, 1578, in-8, sans pagination) ; seulement, non plus que du Haillan, il ne complète pas la comparaison en disant à quel prix les choses se payoient de son temps. Tout le monde le savoit si bien qu’il croyoit oiseux d’en donner le détail. Nous allons tâcher de remplir cette lacune, en ne nous éloignant que le moins possible de l’époque dont il est question.