Page:Variétés Tome VII.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comment est-ce que tu changeras cette yeau en vin pour donner du divertissement à ces messieurs ? — Hé ! en y mettant de cette poudre dedans. — Mais, en y mettant de cette poudre dedans, si tu changes


ait pu se rencontrer avec Molière. Voici maintenant ce qui arriva lors de cette rencontre, où le grand comique, à ses commencements, faillit être obligé de céder le pas à un arracheur de dents, comme peu auparavant, à Nantes, il avoit vu pâlir son succès devant celui des marionnettes du Vénitien Segalla ! (A. Guépin, Hist. de Nantes, p. 317.) Dans le récit de l’abbé de Cosnac, qui seul a parlé du fait, Cormier n’est que nommé, et personne ne s’étoit encore occupé de savoir qui il pouvoit être. « J’appris, dit l’abbé, que la troupe de Molière et de la Béjart étoit en Languedoc ; je leur mandai qu’ils vinssent à La Grange. Pendant que cette troupe se disposoit à venir sur mes ordres, il en arriva une autre à Pézenas, qui étoit celle de Cormier. L’impatience naturelle de M. le prince de Conti et les présents que fit cette dernière troupe à Mme de Calvimont engagèrent à les retenir. Lorsque je voulus représenter à M. le prince de Conti que je m’étois engagé à Molière sur parole, il me répondit qu’il s’étoit depuis long-temps engagé à la troupe de Cormier, et qu’il étoit plus juste que je manquasse à ma parole que lui à la sienne. Cependant Molière arriva, et, ayant demandé qu’on lui payât au moins les frais qu’on lui avoit fait faire pour venir, je ne pus jamais l’obtenir, quoiqu’il y eût beaucoup de justice ; mais M. le prince de Conti avoit trouvé bon de s’opiniâtrer à cette bagatelle. Ce mauvais procédé me touchant de dépit, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas et de leur donner mille écus de mon argent plutôt que de leur manquer de parole. Comme ils étoient prêts de jouer à la ville, M. le prince de Conti, un peu piqué d’honneur par ma manière d’agir, et pressé par Sarazin, que j’avois intéressé à me