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Dieu ! que ta science est bien fausse,

Puis qu’elle te va decevant !

Il convient que je t’accompare
Au trop audacieux Icare,
Qui tresbucha dedans la mer ;
Tu verras bien tost que tes aisles
Fondront aux cœlestes chandelles,
Et que tu ne peux qu’abysmer.

Tu trompes par ephemerides
Les esprits de sçavoir cupides ;
Si le sort est bon ou mauvais,
Tu crois de le pouvoir predire ;
Et comme au ciel pourrois-tu lire,
Puisque tu ne le vis jamais ?

Tu ne vois ta follie extresme :
Tu ne te cognois pas toy-mesme,
Et tu veux sçavoir le futeur ;
C’est une chose imaginée,
Ce qu’on appelle destinée,
Car Dieu de nos maux n’est l’autheur.

Insensé, ne crains-tu la chaisne,
Le tourment, le mal et la peine
De celuy à qui le vautour
Le cœur mange, arrache et desvore ?
Puny plus griefvement encore
On te pourra voir quelque jour.