Page:Variétés Tome VI.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son, s’achemina grande troupe embastonnée, venant du costé des champs, au devant desquels s’avança une troupe de chevaux ; mais, aussi tost que les eurent apperceus, se retira à la fuite toute ceste canaille, et est chose seure que telle diligence faite par les gentils-hommes de cheval les intimida de telle crainte que ceux des autres quartiers, en oyant le vent, n’osèrent s’esbranler. Aussi furent getées force pierres de quelques maisons voisines de l’Eglise, et faites saillies avec long-bois ; mais le tout fut rambarré de si près, et tindrent si peu ceux de l’Eglise, que tous ensemble perdirent cœur, dont les prestres et aucuns autres prisonniers, pendant qu’on les menoit, et depuis en la prison, ont fait maintes complaintes, disans que trop laschement leur avoit esté rompue la foy par ceux qui leur avoient promis secours, et qu’ils s’asseuroient bien, s’ils n’eussent manqué de promesse, qu’ils n’eussent pas esté les plus foibles. Tels regrets plusieurs gens de foy leur ont ouy faire ; outre plus est assez confirmée telle conspiration, parce que, dès le matin, avoient les prestres retiré de l’Eglise, en maisons voisines de leurs plus feables, tous leurs reliques, calices, platines, chasubles et ornemens de pris, pour estre plus seurement en tout evenement. Assez d’autres conjectures pourrois-je amener, si je n’estimois ceux-ci assez valables et de suffisante attestation et preuve, laissant desormais au jugement de tous bons cerveaux à prononcer qui a le tort, qui sont les assaillans, rebelles aux edits du roy et seditieux, et selon iceux quelles peines meritent les autheurs, moteurs et complices d’une mutinerie de telle con-