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De l’eau sacrée aux filles de Memoire,
Et qui commence à faire peu de cas
Des eaux du monde et de ses vains tracas,
Non que j’aprouve en cela qu’il te faille
T’y abuser les jours que tu travaille
De ton mestier, n’ayant autre moyen
De pouvoir vivre au rang des gens de bien.
Travaille donc, et, sage et par mesure,
Vend ton ouvrage et ne preste à l’usure,
Car aujourd’huy, et presqu’en tous estats,
On n’use plus de reigle et de compas ;
Mais de ton gain en rien ne te dispose
Sans faire estat d’espargner quelque chose
Pour t’en ayder, s’il arrivoit un temps
Rude à passer vers la fin de tes ans ;
Et, remettant jusqu’à la conference
D’un autre jour toute autre remonstrance,
Bien qu’à ce coup tu peux juger combien
Je te souhaitte et d’honneur et de bien,
Je te diray, d’une plus longue aleine,
Tout ce qui cause au monde tant de peine ;
Et, pour meshuy, je diray seulement
Que si chacun gardoit soigneusement
La foy dans l’ame et la mesure entière
Qu’il faut tenir en chacune matière,
De père en fils, chacun s’entretiendroit
Selon le temps en l’estat qu’il faudroit ;
Par zèle et droit, l’obeyssance deue
À Dieu, au Roy, seroit de tous rendue ;
Le bon conseil, dans les royalles cours,
Empescheroit des partisans le cours ;
L’achapt, l’estat, ne seroit en cet aage,