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Des oiselets la musique accordée
Et dessoubs eux deux murmurans ruisseaux,
Clairs et bordez de touffus arbrisseaux
Et saules vers, dont la torte racine
Cause maints tours à l’eau douce argentine
Qu’en serpentant fait son cours ondoyant
Dans les valons de ce bois verdoyant.
Un peu plus bas, le long de ce bocage,
Dans les buissons d’un petit marescage,
Un rossignol, en diverses façons,
Y fredonnoit plusieurs belles chansons ;
Un autre encor, non loin de ceste place,
Luy respondoit d’une très bonne grace ;
Et un troisiesme, un peu plus à l’escart,
Tenoit son rang et sa musique à part ;
Et tous sçavans, parmy ceste vallée,
S’accordoient mieux qu’aux nopces de Pelée
Tout ce qu’on peut d’Orphée et d’Amphion
Faire sonner sur le haut Pelion :
Car dans le bois jadis le mesme Orphée
Ne chanta mieux, ny sur la vague enflée
Celuy auquel les dauphins et les flots
Furent humains, et non les matelots.
D’autre costé, je n’eus si tost pris garde
Haut et comment qu’une troupe gaillarde
D’oiseaux branchez dessus les arbres vers
Remplissoit l’air de mille tons divers,
Que j’apperceu venir de branche en branche
Un pinçonnet d’une volonté franche
Pour se percher et chanter à l’envi
Près où j’estois, comme à demy ravi.
Mais il n’eut pas si tost quitté sa troupe