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La dragée11 serrée au bout de ceste espace ;

Mais trop de poudre escarte et fait tirer trop haut.

Dans un pistolet neuf sur tout je recommande
D’y mettre après la balle un bouchon fort à plain,
Afin qu’en le portant la balle ne descende,
Et, le voulant tirer, qu’il ne crève en la main.

Car, si dans un canon le plomb ne joint la poudre,
Il faut de la baguette en haut le repousser,
El qui ne le fait pas ce canon est un foudre
Que la charge, en tirant, fait crever ou bosser.

Voilà donc pour garder qu’un pistolet ne crève,
Et, pour chasser la rouille et le tenir bien net,
Il faut l’huilier par fois, autant en bruit qu’en trefve,
Et le frotter souvent d’un linge blanc et sec.

L’haleine et le serain, les mains chaudes suantes,
Sans linge pour torcher ce que l’on voit paslir,
Font ternir et rouiller les armes reluisantes,
Et où la rouille grave il faut tout repolir.

Il est fort convenable à un brave courage
D’avoir des pistolets qui soient faits en amy ;
Mais tel pense en porter d’assez bons pour l’usage
Qu’à faute d’entretien ne le sont qu’à demy.

Et, pour ne rien celer en ce discours des armes,
Parlant des pistolets, je diray nettement
Que je suis estonné qu’en ce temps plein d’alarmes
L’usage des fuzils s’y voit aucunement.



11. C’était le petit plomb avec lequel on tiroit sur le menu gibier.