Puisqu’un fardeau si lourd auroit fait de la peine
Beato Michaeli Archangelo.
Dans ce comble d’honneur, rien ne m’estoit contraire ;
Je fondois mes grandeurs en balets, en festins ;
J’estimois plus la Cour qu’ensemble tous les saints,
Je fis cent feux pour elle, et jamais un pour plaire
Beato Johanni Baptistæ25.
Je n’eus point de respect pour le saint evangile ;
En tous temps, en tous lieux, je meprisois la croix ;
En vain à me precher on employoit sa voix,
Cette peine eut esté tout ensemble inutile
Sanctis apostolis Petro et Paulo,
omnibus sanctis et tibi, Pater.
Mais tout ce qui me rend encor plus criminel,
Et qui redouble mon martyre,
Le trouble que j’ay fait est tel
Que pour m’en excuser je n’ay point lieu de dire
Quia.
Pendant ce temps fatal de ma gloire passée,
L’estat où je vivois eblouit ma raison ;
Je me plaisois de voir la France renversée,
Et ne disois jamais pour mes crimes un bon
Peccavi.
Le peuple, cependant, contre moi murmuroit ;
Le paysan trop foulé crioit sur moy vengeance ;
Un chacun, en un mot, surpris de ma puissance,
Disoit enfin tout haut que toujours je prenois
Nimis.
Bien que j’eusse troublé l’Estat et les affaires,
Qu’il sembloit que la France eut ployé sous mes loix,
25. Jean-Baptiste Colbert.