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Livia devina qu’un mâle
Naistroit d’elle, ayant en son sein
Couvé un œuf d’où un poussin
Sortit cresté, vray pronostique
Qu’un jour dessus la republique
Des Romains il domineroit,
Et que l’aigle decoreroit
Ses estandartz. La Destinée
Parfeit la chose devinée,
Car Livia veit son enfant
Estre un empereur triomphant.
De l’œuf on tire mille augures,
Mille infaillibles conjectures,
D’où l’on voist naistre bien souvent
Un effet quy n’est decevant.
L’œuf est le symbole du monde ;
L’air et le feu, la terre et l’onde,
En luy sont unis et compris ;
Les œufs sont aymés de Cypris.
Si quelqu’un veut l’avoir propice,
Il faut, en chaqu’un sacrifice
Qu’on lui prepare, offrir des œufs ;
Et lors elle exauce les vœux.
Bacchus, quy nous donna la vigne,
Tenoit tout sacrifice indigne
Et vain où l’œuf mistic n’estoit ;
Des œufs en trophée on portoit
Aux festes de ses bacchanales4 ;



4. Plutarque dans ses Symposiaques, au bizarre chapitre : Quel des deux a été le premier, de la poule ou de l’œuf ? parle de cet usage.