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dinaire, environ l’heure que Phaeton desteloit ses chevaux pour leur donner l’avoine à l’hostellerie du Mouton8, dans la rue du Zodiaque, nous fismes partie d’aller nous divertir nos esprits melancoliques sous la verdure de quelque treille agreable, au passe-temps du noble jeu de boule. Ce qu’en effect nous mismes à execution en mesme forme que nous l’avions proposé, et, comme nous etions sur le seuil de la porte tout prests d’en sortir pour aller desalterer tous nos sangs eschauffez, au beau premier cabaret que nous rencontrions, nous trouvasmes ces deux marouffles de cordonniers, lesquels nous interrogérent exactement, ny plus ny moins que si nous etions obligez de leur rendre compte de nos actions, de quel costé et par où nous dirigions nos pas ? Et sitost que nous eusmes repondu que nous prenions le grand chemin qui conduisoit droit à la maison du Riche laboureur, ils s’offrirent de gaité de cœur et sans estre nullement priez de nous accompagner, et nous ayant neantmoins demandé avec assez de discretion si nous ne le trouvions pas mauvais. Nous les receumes fort charitablement et avec autant de courtoisie qu’ils auroient pu desirer des plus honnestes gens du monde, et, au lieu de suivre le chemin que nous avions resolu de faire, de leur consentement et advis, nous prismes la route de la rue


8. C’est-à-dire du bélier, pour parler comme le Zodiaque ; mais comme il y avoit à Paris, dans le cimetière de Saint-Jean, une célèbre hôtellerie du Mouton (V. notre Histoire des hôtelleries, t. 2, p. 303–304), on a cru pouvoir se permettre cette variante.