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Et je prieray pour vous, estant en paradis,
Que vous soyez vainqueur contre les ennemis,
Afin qu’estant venus du destin avancé,

Vous direz tous pour moy : Requiescat in pace.

Epitaphe au tombeau.

Cy gist souz ce tombeau le plus vaillant soldat
Qui ce soit à jamais cogneu dans le combat,
Et le plus asseuré qui fut dans les armées,
Ne redoutant le feu, ny soufre, ny fumée :
Son travail l’a fait voir, aussi sa hardiesse ;
Mais le fatal destin l’a mis à la renverse.
Il sera de memoire, tant sur la terre et l’onde,
Pour avoir esté né le favory du monde.

L’adieu des trois ferailleurs et leur retour à Paris.

Après que le corps du chappelier fut mis en terre et que son service fut dit, les trois ferailliers trouvèrent une excuse pour avoir leur congé pour s’en venir à Paris, craignant d’avoir un tel benefice comme le defunct chappelier : ce qui fut en grand diligence ; et, sortant du cartier, ce n’estoit qu’adieux, qu’accollades et un extresme regret de se voir separer les uns des autres. Tant cheminèrent les trois ferailliers qu’ils vindrent à Paris, et, sçachant le logis du defunct chappelier, ils s’en vont droit chez sa mère, auquel il luy firent une grande reverence, et elle tout de mesme, les recevant assez honnestement, les voyant habillez en soldats, esperant avoir quelque bonne nouvelle de son fils ; puis, après tous ses regards, ces bons compagnons luy com-