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Que fera-t-il ? Il s’agite, il secoue
Avec depit ce baiser de sa joue,
Et de sa main il semble s’efforcer,
S’il est possible, au moins de l’effacer.
À tous ces traits d’un courroux respectable
Que dit, que fit, que devint le coupable ?
Coupable ? oui : qu’il soit ainsi nommé,
Mais seulement pour avoir trop aimé.
Le pauvre enfant, dans une alarme extrême,
Se fit d’abord son procès à lui-même ;
Les yeux baissez, immobile, interdit,
Il reconnut sa faute, il en rougit.
Son repentir repara son audace,
Par son respect il merita sa grace,
Et, s’approchant humblement du Dauphin,

Il fit sa paix en lui baisant la main.

De tout ceci vous paraissez surprise,
Et votre esprit, raisonnant à sa guise,
Se dit tout bas : Prince, tant soit-il grand,
Si jeune encore entrevoit-il son rang ?
De son berceau touchant à la couronne,
Distingue-t-il l’éclat qui l’environne,
Et, de Louis presomptif successeur,
De son destin connoit-il la grandeur ?
Muse, il la sent, s’il ne sait la connoître.
Dans les heros que pour regner fait naître
Des grands Bourbons la royale maison
Le sang inspire, et previent la raison ;
Le noble instinct qui dans leur cœur domine
Rappelle en eux leur auguste origine,
Et de ce sang reçu de tant de rois
La majesté reclame tous ses droits.