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devant la Rochelle, à un bourg appelé Nestray, où nous fismes monstre ; puis l’on nous donne nos logis. Advint qu’il falloit travailler à la digue, qui est un grand malheur pour moy. À cause que je n’avois plus d’argent, je me prins à faire comme les autres, tant que j’y travaille quelque quinze jours ou davantage. À la fin du temps, j’apperceus trois bons compagnons crieurs de fers vieux drappeau, lesquels me firent cognoissance, tant qu’il fallut aller boire. Tant fismes grillades, que pas un de nous quatre n’avoit pas le soul : tellement qu’il falut reprendre l’habit de misère comme auparavant, retournant trouver le maistre entrepreneur, qui nous met en besogne comme auparavant, où nous fusmes quatre jours ensemble comme vrays camarades.

Mais, Ô très grand malheur ! la fortune perverse


des fragments dans la Comédie des chansons, 1640, in-12, p. 35, acte 1, scène 7, le chapelier, sous le nom de Jodelet, fait une résistance pareille, et n’en est pas mieux récompensé :

Ha ! que le monde est grand !
La volonté me change
D’aller à Montauban.

La Roze.

Soldat, que pensez faire ?
Avez l’argent reçu.
Vous irez à la guerre,
Ou vous serez pendu.

Jodelet.

N’ay point accoustumé
D’y aller, à la guerre.
Je crains les cannonades
Qui frappent sans parler.
Quant à moy, à la guerre,
Je n’y veux point aller.