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Vous en inventez bien qui valent celuy-là,
Et la mode, ordonnant que les cheveux postiches
Seroient communs à tous, aux pauvres comme aux riches,
A produit aussitôt plus d’un barbare nom,
Comme barbe de bouc et tête de mouton8.
Mais laissons là le nom et venons à la chose.
Ciel ! qu’est-ce que je vois ? quelle metamorphose !
Les hommes, censurant l’ouvrier souverain,
S’avisent de changer leurs cheveux pour du crin ;
Des plus vils animaux ils prennent la figure,
Et l’art impunement reforme la nature.
Quoy ! n’est-ce pas assez que pour orner leurs corps
Les vivans aient recours aux depouilles des morts ?
Par quel abaissement, par quelle horrible chute,
L’homme veut-il encor s’allier à la brute ?
Je consens de bon cœur qu’il tire ses cheveux
Des vivans ou des morts, des riches et des gueux9,



qui fut composé d’après les dits et gestes du savant abbé, deux hommes d’épée que je ne connoissois pas vinrent me voir à Saint-Magloire, et, après bien des compliments, ils me demandèrent ce que signifioit falbala. J’eus beau leur protester que je n’en savois rien, ils me soutenoient que je le savois, parceque c’étoit un mot hébreu qui se trouvoit dans la Bible en hébreu, et qu’on les avoit assuré que je leur expliquerois, et que c’étoit le nom de quelqu’un des habillements du grand prêtre. Langlé, qui avoit inventé ce nom-la, disoit qu’il étoit hébreu, et ils l’avoient cru. » (Longueruana, p. 155.)

8. C’est ce que Furetière appelle des perruques à la moutonne.

9. Pour les perruques du roi d’Espagne Philippe V, on ne prenoit pas indifféremment, comme vous allez voir, les cheveux des riches ou des gueux. « Il y a une difficulté pour les perruques à quoi il faut faire attention, écrit le marquis de Louville au ministre de France : c’est qu’on prétend que les cheveux avec