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De quoy s’avise t-il ? Veut-il paroître vieux ?
Que n’attend-il du moins que l’âge le blanchisse ?
Quel siècle est donc le nôtre, où tout n’est qu’artifice,
Où par un faux endroit tout se fait remarquer,
Où, comme en carnaval, chacun veut se masquer ?
Mais quoy ! c’est le bel air, me repondra Timandre ;
La poudre à pleines mains sur nous doit se répandre,
Et, quant à moy, jamais du logis je ne sors
Que l’on n’ait avec soin poudré mon juste-au-corps.
Poudrer un juste-au-corps ! quelle étrange parure !
Quel goût extravagant et quelle bigarrure !
Tels etoient autrefois Scaramouche, Arlequin,
Tel est le dos d’un âne au sortir du moulin.
Mais un peu trop avant ma censure s’engage :
La perruque, après tout, est d’un commode usage ;
Une tête fêlée, à l’abry d’un chapeau,
Ne peut du mauvais air garentir son cerveau ;
D’ailleurs, c’est une loi communement reçue,
Qu’il faut devant les grands se tenir tête nue,
Et la perruque alors est d’un puissant secours.
Mais d’où vient que Dorante en change tous les jours ?
Va-t-il à la campagne, il prend la cavalière ;
Revient-il à la ville, il prend la financière,
La quarrée aujourd’hui, l’espagnole demain6.
Encore approuverois-je un si plaisant dessein



aussi parlé. On y voit « ces Narcisses modernes, qui, à l’imitation de l’ancien, avec une perruque tellement chargée de poudre que le juste-au-corps en est enfariné, ne se trouvent jamais devant aucun miroir qu’ils n’honorent de leur image. »

6. Dans l’Eloge des perruques, fait par de Guerle sous le pseudonyme d’Akerlio, à l’imitation du livre du curé Thiers, il est parlé de toutes espèces de perruques, p. 96, note 45.