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dre ce differend fust au cimmetière des Innocents, pour là, au retour du marché des halles, se saisir plus aisement de celles qui avoient esté les chefs de ceste rebellion entre les servantes, pour les punir selon leurs demerites.

Assemblée des Dames pour dire leurs plainctes.

Après qu’une quantité de coiffes, de chapperons, de masques6 et d’escoiffions7 se fust rendue au dict consistoire, dame madame Calette, assise sur le cul d’un mannequin (à cause de la lassitude du chemin), fit signe de l’œil à une espicière assez falotte de se lever, et proposer le subject de sa plaincte.

La petite espicière, craignant de se voir desobeys-


6. Sur l’usage des masques, même chez les bourgeoises, V. notre t. 1, p. 307, et notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 105.

7. On appeloit ainsi l’espèce de coiffe que portoient les femmes du commun. On disoit aussi scoffion, comme dans ces vers de Ronsard :

Son chef estoit couvert folastrement
D’un scoffion attifé proprement.

On le trouve encore sous cette forme dans les épithètes de de la Porte. Il ne falloit confondre l’escoffion ni avec la calle, que portoit sans doute Mme Calette, qui vient de parler tout à l’heure, ni avec la cornette. Scarron le donne à entendre quand il fait dire par un de ses personnages :

Estes-vous en cornette ou bien en escoffions ?

Molière s’est servi une fois de ce mot, dans l’Étourdi, act. 5, sc. 14 ; mais il vieillissoit de son temps.