Page:Variétés Tome V.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

print la teste, la monstrant à tous les assistans24, car l’on laissa entrer en la dicte sale plus de trois cents personnes du bourg et autres lieux.

Aussi tost le corps fut couvert d’un drap noir et reporté en sa chambre, où25 il fut ouvert et embaulmé, comme l’on dict26.



sur un billot, estimant devoir estre executée avecques une espée, à la françoise ; mais le bourreau, assisté de ses satelittes, luy fit mettre la teste sur ce billot, et la luy couppa avecques une douloire. » D’après le Vray rapport sur l’exécution (Teulet, t. 2, p. 880–881), il paroît que le bourreau n’abattit la tête qu’au second coup ; il fallut même, suivant le Martyre de la royne d’Ecosse (Jebb, t. 2, p. 308), qu’il s’y prit à trois fois : « Le bourreau luy donna un grand coup de hache, dont il lui enfonça le attifet dans la teste, laquelle il n’emporta qu’au troisième coup, pour rendre le martyre plus illustre. » D’après notre relation, le supplice n’auroit pas été aussi long, ce qui est d’accord avec un autre récit reproduit dans le recueil déjà cité, Life of Thomas Egerton, et où il est dit que le bourreau lui abattit la tête « assez soudainement ».

24. « Il la décoiffa par manière de mespris et dérision, afin de monstrer ses cheveux desjà blancs, et le sommet de la teste nouvellement tondu, ce qu’elle estoit contrainte de faire bien souvent à cause d’un reume auquel elle estoit subjette. » (Le Martyre de la royne d’Ecosse, dans Jebb, t. 2, p. 309.) Étoit-ce par ordre d’Élisabeth que le bourreau agissoit ainsi, et n’y avoit-il pas de la part de la reine d’Angleterre un raffinement de vengeance à faire ainsi montre que cette femme, dont la jeunesse et la beauté l’avoient si cruellement insultée, n’avoit pas échappé plus qu’elle aux atteintes de l’âge et des infirmités ? Ce passage, quu personne ne cite, méritoit d’être remarqué.

25. Var. : j’ay entendu qu’il.

26. « Le corps fut porté en une chambre joignante celle