Page:Variétés Tome V.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle commanda que ses femmes la suivissent, ce qui leur fut permis, estant tout le reste de ses serviteurs enfermés dès le mardy au soir12.

L’on dict qu’elle mangea avant que de partir de sa chambre, et, montant sur l’eschaffaut13, elle dit à M. Paulet qu’il luy aydast à monter, que ce seroit la dernière paine qu’elle luy donneroit14.

Estant15 à genoux, elle parla long-temps à son maistre d’hostel, luy commandant d’aller trouver son fils pour luy faire service, comme s’assuroit qu’il feroit tousjours aussi fidellement que il avoit faict à elle ; que ce seroit luy qui le recompanseroit, puis qu’elle ne l’avoit peu faire de son vivant, dont elle estoit très marrie, et luy chargea de luy porter sa benediction (laquelle elle fit à l’heure mesme).

Puis elle pria Dieu en latin avec ses femmes, n’ayant voulu permettre que un evesque anglois, là presant16, approchast d’elle, protestant qu’elle estoit catholique et qu’elle vouloit mourir en ceste religion.



12. En outre de ceux qui viennent d’être nommés, elle avoit voulu avoir autour d’elle Bourgoing, son médecin, et Didier son sommelier.

13. Var. : Le dit chafault.

14. Ce détail ne se trouve qu’ici. Dans les autres relations, on s’accorde à dire qu’elle n’eut besoin de l’aide de personne. « La reine, dit M. Mignet (t. 2, p. 365), suivie d’André Melvil, qui portoit la queue de sa robe, monta sur l’échafaud avec la même aisance et la même dignité que si elle étoit montée sur le trône. »

15. Var. : là.

16. Suivant tous les autres récits, il n’y avoit là que le doyen de Peterborough, désigné plus haut.