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à Pasques comme eux pour manger des œufs ; mais, pour leur faire un prouface, je leur veux donner ce quatrain :

Gressez tant que voudrez votre gozier d’harpie,
De poulles et chapons en secret comme loups,
Vous ne me ferez point, je vous promets, d’envie,
Car je trouveray Pasque aussi-tost comme vous.

Il est vray que c’est une grande incommodité de manger tousjours du harenc aussi sallé que s’il partoit de la cacque, et de la morue aussi douce que de l’eau de la mer ; toutesfois, pour expedier, il faut suppleer au deffaut des poissonnières, je veux dire que, pour la destremper dans nos bacquets humanistes, il faut boire en grand diable et demy : plus l’on boit, plus on en va mieux. Six sepmaines sont bien-tost passez ; nous serons aussi estonnez que les mattes quand il tonne ; je dis que nous nous trouverons au samedy de Pasque en corps et en ame comme bibets. Ce sera lors que les diablesses de poissonnières, qui boivent pinte de vin tout d’un traict, auront trouvé le caresme bien court, encor qu’il ait esté trop long de la moitié, pour les parjuremens, injures, pouilles, vieutes, qui se font entre comptans, avec leurs malleboches, double fièvres quartaines, s’entredonnans trippes et dins, sans rien retenir, à tous les diables, lesquels ont bon marché de telles denrées, qui se donnent à si bon compte. Aussi, quand telles sortes de gens n’auroient peché ny fait aucune offence en toute leur vie, seroit capable d’entretenir un prestre en confession une quarantaine d’années, s’il y pouvoit autant estre : car, tout ainsi que les destours du dedalle menoient