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viendroit facilement à bout de l’un et de l’autre, veu que l’un estoit jà plus mort que vif. Marscot, qui estoit homme adroit et avoit l’avantage de sa dague, se deffendoit si vigoureusement que, se depassant adextrement, il evitoit le peril eminent des horrions de ce gros coquin, comme aussi luy en estoit grand besoin, car il avoit affaire à forte partie. Durant la meslée d’eux deux, le gentilhomme, ayant reprins ses esprits, par le loisir que luy avoit donné leur combat, se lève et vient au secours de celuy là de qui il pensoit tenir la vie, et tirant son poignard attaque aussi Visquée vivement, lequel, se défendant jusques à toute extremité, fut blessé et navré en quatre ou cinq parts de ses deux parties. Toutefois, comme Hercules mesmes ne seroit pour deux, et plus tost (comme à bon droit on doit presumer) par permission divine, laquelle ne voulut plus longuement laisser regner une tant mechante personne, il fut contraint de quitter la partie, et se rendre prisonnier avec eux. Estant ès prisons et ayant finalement enduré la torture, il confessa dix-huict meurtres qu’il avoit perpetré et mis à fin portant les patiens dans sa barque à la façon susdite, et les executant illec, pour par ce moyen couvrir son larcin. Dont il fut condamné à être premièrement tenaillé par tout le corps avec des tenailles ardentes, et après très ignominieusement pendu et estranglé en la fameuse ville de Londres, en Angleterre, où il commit ces crimes.