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D’un vin qui, sur ma foy, vaut du vin de Champagne.
Si, sur un tel rapport, quelqu’autre en veut goûter,
Fût ce encore plus loin, il faut m’y transporter ;
Celuy-cy veut du blanc, celuy-là du Bourgogne.
Si je tarde un peu trop, ils me cherchent la rogne7,
Sans songer que souvent pour leurs demy-septiers
Il faut aller quêter chez dix cabaretiers.
À l’un faut du gruyère, à l’autre du hollande ;
Un autre veut du fruit, faut chercher la marchande ;
Encor ont-ils l’esprit si bizarre et mal fait
Qu’avec toute ma peine aucun n’est satisfait.
Je ne replique rien, mais dans le fond j’enrage
De me voir accablé de fatigue et d’ouvrage,
Et d’être à tous momens grondé mal à propos,
Pendant que ces messieurs déjeunent en repos.
Il faut aller porter en ville quelque épreuve ;
Soit qu’il vente, ou qu’il neige, ou qu’il grêle, ou qu’il pleuve,
Dès que l’on m’a donné mes depêches en main,
Pour arpenter Paris je me mets en chemin.
Ma course la plus rude et la plus ordinaire
Est d’aller du logis ou du mont Saint-Hilaire
À cette belle place où tant de partisans8



avoient surtout afflué de ce côté. Ordre y étoit donné « à tous imprimeurs de se retirer au dessus de Saint-Yves (rue des Noyers), avec defense de tenir imprimerie et presse en tout autre lieu, sur peine de la vie. » (V. sur ces libraires et imprimeurs du Puits-Certain une note de notre édition du Roman bourgeois, p. 222–223.)

7. Terme d’imprimeur pour dire quereller quelqu’un. (Note de l’auteur.)

8. La place Vendôme, qui n’étoit achevée de bâtir que depuis quelque temps. Les magnifiques hôtels qui l’entourent