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Je vienne exagerer ici sur le papier
La peine qu’on endure en ce maudit metier.
Moulé sur ton exemple, instruit par tes maximes,
Selon moy, l’imposture est le plus grand des crimes.
Ainsi, sans m’eloigner d’un ou d’autre côté,
Je veux marcher d’accord avec la verité.
Lorsqu’aux vives ardeurs de ma promte jeunesse
L’âge eut fait succeder une lente sagesse,
Elle me suggera de penser murement
À m’ouvrir le chemin d’un etablissement.
Sur le choix d’un état mon esprit en balance
De mes meilleurs amis consulta la prudence.
Alors (par je ne sçay quelle bizarre humeur),
L’un d’eux me conseilla de me faire imprimeur ;
Il me vanta si bien cet art noble et sublime,
Et m’en fit concevoir une si haute estime,
Que j’aspiray d’abord avec ambition
Au moment d’embrasser cette profession.
Pour le prix, pour le temps, ayant fini d’affaire,
Je cours chez le recteur, qui de regent sevère
Devint traitable et doux en voyant le ducat
Que je luy mis en main pour son certificat1 ;
Puis je fus avec zèle (au moins en apparence)



1. « Aucun ne pourra être admis à faire apprentissage pour parvenir à la maîtrise de librairie et d’imprimerie s’il n’est congru en langue latine et s’il ne sçait lire le grec, dont il sera tenu de rapporter le certificat du recteur de l’Université, à qui l’aspirant sera présenté par le syndic ou l’un de ses adjoints ; et de ladite présentation mention sera faite dans ledit certificat. » (Règlement pour la librairie et imprimerie de Paris, arrêté au conseil d’Etat du roy, Sa Majesté y étant, le 28 février 1723, tit. 4, art. 20.) — « Sera tenu ledit apprenti de remettre ès