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s’estoit faite en Bourgongne, et que les assemblées des magiciens ne se font que de huict en huict ans, où ils parlent tous en l’oreille d’un demon qui paroist de sept pieds de hauteur, auquel ils demandent ce qu’ils veulent, et que luy parlant avoit demandé de pouvoir guerir les maladies, et qu’après avoir mangé ils sont tous reportez chacun en leur demeure.

Il dit encore que son esprit le dispensoit d’aller aux assemblées, à cause du gage qu’il lui donnoit tous les ans, et que la dernière des dites assemblées se feit en l’an mil six cents quatorze, et que s’il ne se fust defait de sa phiole, il y fust allé la veille de Noël, qui est le jour où elle se fait tousjours.

Ce meschant homme estant interrogé combien il avoit gardé la phiole de laquelle nous venons de parler, il dit qu’il l’a gardée onze ans, et qu’il faisoit brusler de la semence de baleine dans un rechaut pour parfumer la dite phiole en disant : Je te parfume en vertu de ce que tu m’as esté donné, comme il s’y estoit obligé. Il se mesloit de donner des feuilles d’herbes sur lesquelles il escrivoit certains mots qu’il disoit guerir des fievres, et s’il n’estoit bien payé, il faisoit mourir les malades.

Il dit qu’il advertit un jour le curé de Saint-Bonnet qu’un procez qu’il avoit pendant en la cour venoit d’estre jugé, et qu’ils estoient, sa partie et luy, hors de cour et de procez, ce qu’il sceut le jour mesme dans la ville de Moulins par le moyen de son esprit.

Le dit sieur lieutenant luy ayant demandé s’il y avoit quelque caractère dessus la phiole, il respondit qu’il y en avoit un sur du parchemin et qu’il es-