Page:Variétés Tome V.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ne sentit pas meilleur que font ces gans de Rome9.
D’autres il y en a, bien richement brodés
De soye ou de fil d’or, à l’eguille et au dés10,
En petit entrelas et mignarde peinture
Où se lit mainte hystoire et estrange adventure.
D’autres sont enperlez. Si prisé-je pourtant,
À cause du plaisir, les gands de chasse autant11.
Sans eux l’oyseau de poing n’yroit point à la guerre.
Qui pourroit endurer son espinneuse serre
S’il n’estoit bien ganté ? Si le plaisir est grand
De la fauconnerie, on le doit tout au gand.
Aussi lui devons-nous presque tout nostre ouvrage,
La perche, les charrois, et tout le labourage
Qui se fait en hiver : car en telle saison
On n’oseroit sortir, ny laisser la maison,
Ny travailler dehors, qui n’a la main armée
De bons gros doubles gands à couleur enfumée.
Sans eux le laboureur ne pourroit en hiver
La mencine12 tenir, ni les champs remuer ;
Sans eux le vigneron n’yroit point à la vigne,



9. Dans le Parfumeur royal, par Barbe, parfumeur, Paris, 1689, au chapitre des gants de senteur, on trouve la manière de parfumer les gants avec de la gomme odorante ou des fleurs.

10. Au moyen âge l’on portoit déjà des gants ornés de fils d’or :

(La ChevaleriIl l’en donna le gant à l’or paré.
(La Chevalerie Ogier de Danemarche, t. 1, p. 103, v. 2489.)

11. Le gant de fauconnier, dit Savary, Dict. du commerce, « est un très gros gant d’un cuir très épais, ordinairement de cerf ou de buffle, qui couvre la main et la moitié du bras du fauconnier pour empêcher que l’oiseau ne le blesse avec son bec ou avec ses serres. »

12. La manchine, manche de la charrue.