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cardons, pastenades, eschervices, laitues, pimpinelle, chicorée, endives, cerfeuil, roquette, blanchette, œil de chien et autres sortes d’herbes qui peuvent faire passer la melancolie, par leur gout crud ou cuit, de l’absence et exil du très-illustre prince Mardy-Gras, ils avoyent, de peur de mourir de fain en telle necessité et extremité de famine, heu recours à la benignité et faveur dudit Mardy-Gras, lequel ils auroyent prié, ainsi que Pansardois, advocat, a très bien remonstré, de n’obeir point à la sommation dudit Caresme, et, ayant pitié d’eux, ne les desemparer, qui seroient par son absence pour mourrir de fain, luy promettant, en cas qu’il en fut inquieté, de prendre la cause pour luy et luy en estre à garand. Laquelle chose ils font et remonstrent à la Court que, à correction, il n’y peut eschoir bannissement contre ledit Mardy-Gras comme les années passées, attendu ce qu’ils ont jà remonstré à la Cour, le temps auquel est survenu le règne de Caresme, les chemins glacez, les rivières inutiles, les pêches trop froides ; concluant, veu le grand interest que la republique a de la presence dudit Caresme, pour ceste année seulement, ayant pitié d’eux, qui seront pour mourrir si ledit Mardy-Gras est banny, qu’il plaise à la Cour debouter ledit Caresme de sa demande contenant le bannissement dudit Mardy-Gras, lequel sera maintenu en son règne, avec despens. Signé Cameleon.