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y vivre avec moins de retenue, les bourgeois portugais, ausquels une domination estrangère ne peut faire oublier leur generosité, lassez de leur façon de faire, l’ont naguères rechassée dans leur citadelle, sans leur vouloir souffrir de remettre le pied dans la ville.

Ce que dom Federico de Tolède3, general de l’armée espagnole, n’ayant pu endurer sans leur tesmoigner son ressentiment, lascha quelques parolles au desavantage des Portugais ; de quoy estant adverty dom Francisco Mascarenhas, gentilhomme portugais de l’ordre de Christo (qui est le principal ordre de Portugal), homme de grande reputation, tant pour avoir fait de grands exploits d’armes aux Ost-Indes que pour avoir esté chef de la faction portugaise qui chassa les Espagnols dans cette citadelle, comme je vous ay dit, employa cinq jours entiers à chercher dom Federico, et l’ayant enfin trouvé seul en une place de cette ville de Lisbonne ditte Terrero de Passo, sur les quatre heures après midy, il luy dit : « Me voilà bien content d’avoir rencontré vostre seigneurie, pour luy demander raison du blasme qu’elle donne aux gentilshommes portugais, dont le moindre vaut mieux que tous les Espagnols ; mais afin que vostre meschanceté et impudence face recognoistre vostre tort devant Dieu et le monde, je vous appelle au


3. Fils du duc d’Albe et le même qui s’étoit illustré par la prise de Mons en 1573. On sait que le duc d’Albe avoit contribué plus que personne à la conquête du Portugal par les Espagnols. Le gouvernement de Lisbonne revenoit donc de droit à quelqu’un des siens.