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Achilles, des Hercules, et, assis auprès de leurs dames, font à tout propos des rodomontades qu’on diroit, à les ouyr parler, qu’ils avalleroient des charrettes ferrées, prendroient la lune avec les dents, mettroient le soleil en capilotades ; que si on demandoit à tels pipeurs preneurs de papillons, vrays Prothées de Cour, pourquoy ils changent si souvent de face et de grimace, ils vous respondront que leur habit, leur demarche et leur barbe est à l’espagnolle6.

Il voudroit mieux les imiter en ce qui est de vertueux et louable, non-seulement en eux, mais en toutes lesnations du monde : car nous devons, sans distinction de personnes, sexes et qualitez, naturaliser la vertu estrangère.

Et si pour lors l’on n’a assez pour se vestir à l’espagnolle, italienne et toupinambourde7, que les courtisans à la mode s’habillent à la bragamasque.

Il ne faut pas s’etonner si dans Rome, dans la



6. Sur ces modes à l’espagnole, V. t. III, p. 244. On chantoit alors ce couplet, qui a pris place dans la Comédie de chansons, 1640, in-8, p. 41 :

Bien que nous ayons changé nos pas
——En des démarches espagnolles,
Des Castillans pourtant nous n’avons pas
——Les humeurs, ni les parolles,
Et ceux qui comme nous sont vaillants et courtois
——Ne sçauroient être que François.

7. Depuis que Razilly avoit amené, au mois d’avril 1613, de l’île de Maragnan six sauvages topinamboux, qui furent présentés à la reine et baptisés, tout s’étoit mis à la topinamboue. (V. Lettres de Malherbe à Peiresc, p. 258, 264, 273–274, 283, 297, 340, 442.)