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Il faut seulement, se trouvant en quelque ville celèbre, frequenter des personnes de nations diverses, faisant profit de leurs actions et discours, et remarquer curieusement ce qui est digne de recommandation.

Ou, au contraire, plusieurs de ce siècle, qui passent une partie de leur vie ès païs estrangers, retournent aussi grossiers et peu cognoissant le monde qu’un simple paysan qui ne perdit jamais le clocher de sa parroisse, hormis qu’ils font un peu mieux la morgue, marchent plus delicatement sur la poincte du pied, sçavent faire la reverence, branslant la teste en cadence et en discours, disent à tous propos chouse, souleil2, mâchent fort bien l’anix, rongent le cure-dent3.

Et cela est tout ce qu’ils ont retenu et sçavent faire.



2. Sur cette prononciation, toute parisienne et fort à la mode alors, V. t. III, p. 262, note 2. Balzac se moque de l’usage où l’on étoit à la cour de prononcer o comme si c’étoit la diphthongue ou : « Toute la France, dit-il dans sa lettre à Chapelain, du 20 janvier 1640, prononce Roume et lioune. » — Dans La Mode qui court et les Singularitez d’icelle, etc., 1612, in-8, la mode figure sous le nom de Chouse.

3. On en avoit de bois de senteur ou de paille, à la façon espagnole. Le connétable de Montmorency avoit toujours un cure-dents aux lèvres, et il falloit se tenir en défiance quand il se mettoit à le mordiller. Ce quatrain courut vers 1565 :

De quatre choses Dieu vous guard :
Des patenostres du vieillard,
De la grand main du cardinal,
Du cure-dents du connestable,
De la messe de L’Hospital.