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dit que ladite dame de Longueil l’alla voir toute eplorée et dans une extrême tristesse, en disant audit deposant qu’elle estoit au desespoir dans la crainte qu’elle avoit que le prince de Galles tombast entre les mains du prince d’Orange, priant instamment ledit deposant de redoubler ses vœux au ciel pour sa conservation, et ajouta plusieurs autres paroles qui seroient difficiles et inutiles à rapporter.

Ledit deposant declare, de plus, que ladite dame de Longueil lui a dit qu’on avoit transporté ledit prince de Galles de Londres à Portsmouth, et qu’on cherchoit soigneusement les moyens de le conduire à Paris ; et, la larme à l’œil, dit qu’elle apprehendoit extrêmement qu’il n’arrivât quelque malheur dans cette entreprise.

Quelque temps après, ladite dame de Longueil, toute joyeuse, alla voir ledit deposant, et lui annonça l’arrivée du prince de Galles avec la reine à Saint-Germain ; et, peu de jours après, ayant invité ledit deposant d’aller voir le prince de Galles, le fit monter en carrosse avec elle et le conduisit dans la chambre où estoit ledit prince de Galles, auprès duquel estoient plusieurs dames qui estoient inconnues au deposant, à la réserve de ladite dame de Labadie que ladite dame de Longueil lui fit connoître sur le champ, en lui disant à l’oreille que c’estoit chez elle que toute l’histoire s’estoit passée ; et ladite dame de Longueil demanda audit deposant s’il n’estoit pas vrai que le petit Colin, son fils, avoit beaucoup de l’air du petit prince ; et en disant ces paroles, elle sourioit avec madame de Labadie ; et