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au fait que je viens d’expliquer : tellement que dès lors je resolus d’en avoir un tableau, que j’ai executé depuis, ayant eu soin de me faire de tems en tems raconter cette entrevue par mon père pour me mieux assurer des faits. Monsieur Phelippeaux, lors ambassadeur à Turin12, m’envoya un portrait de Charles Emmanuel. Le sieur Coypel me fit ce tableau tel que je luy fis croquer pour la situation du roy et du duc de Savoie, et il eut soin d’y rendre parfaitement le paysage du lieu, et les barricades forcées en eloignement. Ce tableau, qui est fort grand, tient toute la cheminée de la salle de La Ferté13 avec les ornements assortissants. C’est un fort beau morceau qui a une inscription convenable, avec la date de l’action, courte, mais pleine et latine14.


étoit sorti de la ville. Ce n’étoit pas le compte de Louis XIV, dont l’orgueil ne se fût pas satisfait de la visite d’un simple Génois. Il exigea donc que Francesco Imperiali conservât titre et dignité, tout exprès pour qu’il pût venir les abaisser devant lui.

12. Sur lui et sur son ambassade, V. Saint-Simon, t. 2, p. 42.

13. Le château de la Ferté-Vidame, dans le département d’Eure-et-Loir, près de Dreux. Il fut de notre temps la propriété du roi Louis-Philippe, qui y fit d’énormes dépenses pour les jardins. C’est là que Saint-Simon se sauvoit de la cour et de ses ennuis, et qu’il écrivit une partie de ses mémoires.

14. Ce tableau, ainsi que la plupart de ceux que possédoit Saint-Simon, dut passer à sa petite-fille et unique héritière, la comtesse de Valentinois. Saint-Simon dit en