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jouoit fort bien du luth, fort à la mode en ce temps-là, et qu’il accompagnoit de sa voix, qui etoit très agreable. Mon père demanda à M. de Mortemart s’il vouloit bien qu’il proposât au roy de l’entendre. M. de Mortemart, non-seulement y consentit, mais il en pria mon père, et ajouta qu’il seroit ravi si cela pouvoit contribuer à quelque fortune pour Nyert. Cette musique devint donc l’amusement du roy, les soirs, dans sa solitude, et ce fut la fortune de Nyert et des siens8.

Le roy, continuant ses penibles recherches et ses infatigables cavalcades, trouva enfin un chevrier qu’il questionna si bien qu’il en tira ce qu’il cher-


le malade mêlant, autant qu’il le pouvoit, sa voix aux concertants. » Louis XIV continua de Nyert dans sa charge de premier valet de chambre ; il l’occupoit encore en février 1677, quand La Fontaine lui adressa son Epistre sur l’Opéra (Œuvres complètes, édit. gr. in-8, p. 542), et, en 1689, quand il lui arriva le double accident dont Mme de Sévigné parle ainsi dans sa lettre du 12 octobre : « L’abbé Bigorre me mande que M. de Niel tomba, l’autre jour, dans la chambre du roi ; il se fit une contusion, Félix le saigna et lui coupa l’artère : il fallut lui faire à l’instant la grande opération. Monsieur de Grignan, qu’en dites-vous ? Je ne sais lequel je plains le plus, de celui qui l’a soufferte, ou d’un premier chirurgien du roi qui coupe une artère. »

8. Son fils eut sa survivance ; sa femme étoit femme de chambre de la reine Anne d’Autriche. (V. Mémoires de Mme de Motteville, sous la date du 15 janvier 1666.) Elle étoit sœur de cette fameuse Manon Vangaguel, pour qui La Sablière composa la plupart de ses madrigaux. (Walckenaër, Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, 1re édit., p. 438.)