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Peuvent-ils flechir ce voleur ?
Il ne cognoist point de justice
Que les fougues de son caprice ;
Il outrage les officiers,
Il gourmande les chanceliers ;
Armand soustient son insolence,
Volle avec luy toute la France,
Et, pour confirmer les edicts,
610Rend les magistrats interdits.
Tous les François sont tributaires
De ces deux horribles corsaires ;
Jamais pirates sur les mers
N’ont faict tant de larcins divers.
Ce notonnier a ce pilotte,
Rapinant avec une flotte ;
Cornuel meut les avirons,
Luy seul vaut bien trente larrons45 ;
Bullion, par ses avarices,
620Entretient son luxe et son vice ;
Ce Gros-Guillaume raccourcy46



taines de ce temps-là, qui avoit mis alors son épée au service de la France.

45. « Cornuel, president à la Chambre des Comptes, dit Amelot de la Houssaye (Mémoires historiques, t. 2, p. 428), avoit toute la direction des finances sous la surintendance de Bullion. Il etoit très bel homme, et avoit une belle femme, dont on dit que le surintendant étoit fort amoureux. »

46. « On appeloit Bullion le Gros-Guillaume raccourci », dit Tallemant, qui savoit sa Milliade par cœur, et qui prouve ainsi combien les traits de cette satire furent bientôt répandus et populaires. (Édit. in-12, t. 2, p. 196.)